Economie/Gestion

Financer le développement, financer l’activité

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financer SCOP SCIC

Pour financer le développement de son entreprise, il existe de multiples solutions. Seul en autofinançant. Ou en faisant appel à la famille, à des amis ou des clients ou encore par le crowdfunding. Les solutions « classiques » du financement bancaires restent une solution pérenne, que ce soit par de l’emprunt ou du crédit-bail.

Financer le développement et les investissements

 1. Emprunter ou auto financer ?

La première question à se poser quand on investit est de savoir s’il s’agit d’un investissement de développement ou d’un renouvellement. Le développement peut se financer par un emprunt ou un crédit-bail car il doit générer de la valeur ajoutée par des économies ou une hausse des ventes. C’est le « Retour sur investissement, le ROI. Par nature, le renouvellement se finance sur les fonds propres (excédents de trésorerie) car, à part des économies sur le poste « entretien », il ne génère pas de valeur ajoutée. On parle aussi d’investissements de productivité quand l’investissement peut se financer avec des gains de productivité.

Le chef d’entreprise et l’organisme financier vont donc examiner la marge d’autofinancement. En s’appuyant sur un prévisionnel, on pourra déterminer la part de la marge qui peut être « investie ». Elle couvrira le remboursement d’une échéance d’emprunt ou un loyer de crédit-bail. L’équation est simple ; déduire de la marge totale les annuités totales actuelles, l’éventuelle consolidation de la trésorerie et les prélèvements personnels. On peut alors envisager d’utiliser le solde (CIFI) pour couvrir une nouvelle échéance.

Exemple des entreprises de maçonnerie (1)

Chiffres d’affaires HT342 400
Valeur ajoutée157 500
Excédent d’exploitation (EBE)43 000
Annuités (int.+capital)-8 100
Prélèvements privés-26 400
Disponible = Capacité interne de financement des investissements8 500
Soit pour consolider la trésorerie-4 000
Reste pour investir4 500
(1) Données issues des Références économiques des entreprises du bâtiment. Etude établie par le Conseil National Cerfrance. En moyenne, le fonds de roulement des entreprises de maçonnerie équivaut à un peu plus de 2 mois des besoins de trésorerie.

Si le chef d’entreprise souhaite renforcer son indépendance, il peut garder par exemple 4 000 € pour sa trésorerie. En considérant que ces résultats restent stables sur quelques années, il affecte alors 4 500 € pour une nouvelle échéance. Cela correspond en fait à l’annuité d’un emprunt de 30 000 €, sur 7 ans, à 1%, en échéance constante.

Emprunt bancaire et crédit-bail

Le raisonnement est identique quel que soit le mode de financement, crédit-bail ou emprunt. Ce dernier peut être choisi pour la location de locaux à usage professionnel ou industriel et les locations d’équipements ou gros outillages. Le principal avantage est de pouvoir financer la totalité du bien. De plus, les formalités administratives sont généralement plus souples. A noter enfin, que le loyer d’un crédit-bail se déduit en totalité des charges courantes.

Le crédit-bail est une location du bien. Il offre la possibilité à l’entreprise de « racheter » le bien en fin de contrat, pour une valeur connue à l’avance. On parle d’option d’achat. Enfin, le crédit-bail est un engagement « hors bilan ». A la fois avantage et inconvénient, la « lecture » du bilan s’en trouve modifiée.

Taux, durée et mode de remboursement

L’emprunt peut être à taux fixe, variable ou encadré (on dit « capé »). En période de taux bas, choisir un taux fixe offre davantage de visibilité. Par contre, il est souvent lié à des « pénalités » sur le capital restant dû, en cas de remboursement anticipé. Mais est-ce un réel handicap aujourd’hui, avec des taux d’emprunt très bas ?

Que ce soit emprunt ou crédit-bail, la durée de remboursement, ou de location, devra être cohérente avec la durée d’utilisation du bien et en accord avec la durée d’amortissement. Cela est encadré par les règles comptables.

Enfin, en cas de crédit-bail, l’entreprise n’avance pas la TVA sur l’immobilisation achetée. Par contre, elle acquittera la TVA sur les loyers financiers.

Pour finir, les modalités de remboursement. Annuité constante ou annuité dégressive, tout dépend de la régularité de ses résultats. Un emprunt avec annuité dégressive (capital constant) coûte moins cher en cumul qu’un emprunt avec annuité constante (capital dégressif). Ce dernier offre plus de visibilité à l’entreprise.

Dans la pratique, les emprunts à capital constant deviennent rares. Leur avantage reste cependant la souplesse de remboursement, surtout dans un contexte instable.

Sans être une règle, le contrat peut aussi prévoir d’ajuster le montant du remboursement. On ne parle pas d’un report, mais de modulation du capital remboursé. L’entreprise peut, par exemple, profiter d’un excédent de liquidités pour rembourser davantage.

Faire appel aux amis, à la famille pour financer

La constitution d’une société requiert d’y apporter des capitaux dont une partie sera dénommée « apport en numéraire ». 20% des apports en numéraires sont « libérés » (apportés) lors de la constitution d’une SARL (50% s’il s’agit d’une SAS).

L’emprunt familial peut être un atout à cette occasion, ou même pour racheter les parts d’une société familiale. Mais les protagonistes devront respecter plusieurs règles. Le prêt familial d’un montant inférieur à 5 000 € peut être effectué sous seing privé et il n’y a pas d’obligation de le déclarer au service des impôts. La prudence et l’équité requièrent que ce contrat de prêt soit officialisé par un acte authentique, enregistré. Cela permet de justifier la déduction (s’il y a lieu) des intérêts et donc leur déclaration en revenu des capitaux mobiliers par le prêteur.

La règle en la matière reste l’équité et l’égalité en famille. Si le prêt est consenti à un seul enfant, alors, on pourra le transformer en donation lors d’une donation-partage pour rééquilibrer.

Les parents peuvent apporter leur garantie familiale ou leur caution. On parle de caution simple, de caution solidaire, voire de caution hypothécaire. Attention être caution n’est pas anodin. La personne qui se porte caution engage ses biens voire ses revenus, salaires ou pensions.

La garantie des prêts

Caution, warrant, hypothèque, garantie d’emprunts, gage ou nantissement, … Tous ces termes expriment en fait la garantie que le prêteur peut avoir d’être remboursé en cas de défaillance de l’entreprise.

Dans le nantissement, le débiteur met un bien mobilier en garantie du prêt. Le nantissement peut concerner des parts sociales, un fonds de commerce, … Un gage concerne des biens meubles corporels (matériel par exemple). Le créancier dispose d’un droit sur le bien mobilier, jusqu’à total remboursement du prêt. On a vu par exemple, des emprunts « in fine » garantis par un placement en capital (un contrat d’assurance-vie par exemple).

Le nantissement d’un fonds de commerce est une garantie classique lors du financement bancaire de la cession d’un fonds de commerce avec crédit vendeur par exemple. Il va sans dire que le gage ou le nantissement interdit au débiteur d’aliéner le bien porté en garantie (le vendre ou le céder).

Pour finir, un prêteur (une banque) peut demander un « privilège de prêteur de deniers » sur un bien immobilier. Proche de l’hypothèque, elle est cependant plus souple et moins coûteuse. Le créancier peut procéder à la vente du bien financé (souvent de l’immobilier) et se faire payer des sommes restant dues.

Garantir ses remboursements, rassurer le prêteur

Les organismes financiers seront toujours attentifs aux garanties que présente le chef d’entreprise. Au-delà de sa « surface » financière, il s’agit de démontrer au prêteur que son entreprise est capable de fluidifier, régulariser sa trésorerie. Il s’agit en particulier de s’astreindre à un suivi régulier des créances et des relances clients. L’entreprise fait son travail, le banquier aussi ! Pour rassurer sur la stabilité du CA, les qualifications, certifications et autres accréditations seront autant de garanties offertes sur la pérennité de l’activité.

La crédibilité du chef d’entreprise sera également renforcée par le professionnalisme avec lequel il aura construit son projet et prévu de le financer (crédibilité du business plan, argumentation du besoin, calcul du « ROI », …).

Exercer son métier avec toutes ses facettes reste la base d’une relation durable, propre à offrir les garanties que les organismes financiers demandent. Vous pourrez en juger si vous « ouvrez le capital » à l’extérieur avec le financement participatif. Mais ceci est une autre histoire !

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Eric

Pour me contacter personnellement : alliance@cerfrance.fr

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